Le travail en tant que dépense d’énergie humaine n’est pas une marchandise, comme déjà indiqué ci-dessus.

 

1. X possède deux pains et un savoir, Y manque de pain et ne possède pas ce savoir

X offre à Y, ou Y demande à X, l’un des deux pains et le savoir. L’autre partie accepte. Que le pain soit vendu ou donné par X à Y ne changera rien au fait que la propriété de ce pain passera de X à Y. Cependant, qu’en est-il du savoir ? Le savoir que X aura transmis à Y restera en la possession de X et Y aura la faculté de le transmettre à Z sans ni pouvoir ni devoir renoncer à sa propriété.

 

2. Le savoir n’est pas en lui-même une marchandise

Le savoir n’est pas en lui-même une marchandise, parce qu’il ne suffit jamais d’en détenir pour être en mesure d’en faire un objet de commerce. Il faut toujours y ajouter du travail nouveau, ne serait-ce que pour trouver un acheteur ou un donataire puis, très souvent, pour être apte à lui fournir la chose convenue. Soit une personne dont le bagage de connaissances et l’art d’en tirer des expositions particulièrement claires et convaincantes sont grands. Cette personne ne peut tirer des revenus de ses connaissances et de son talent que si elle publie, professe, ou conseille, toutes activités qui nécessitent de sa part un travail nouveau.

 

3. Une bougie mise en vente ou donnée est un objet économique

… car le savoir est ce que les économistes appellent un bien public : potentiellement, tout le monde peut en bénéficier. […] Thomas Jefferson, troisième président des États-Unis, l’a dit de façon bien plus poétique en assimilant le savoir à une bougie : quand elle en allume une autre, sa lumière ne diminue pas.

Alors qu’une bougie mise en vente ou donnée est un objet économique, le savoir n’est pas en soi un objet économique à cause de la différence indiquée ci-dessus, en 1.

 

4. Une ressource naturelle n’est pas en elle-même une marchandise

Comme pour le savoir, une ressource naturelle ne suffit jamais pour être en mesure d’en faire un objet de commerce. Même s’il n’y a qu’à cueillir ou pêcher, puis à mettre en vente ou donner, encore faut-il le travail nouveau de la cueillette ou de la pêche, ensuite de la mise en vente ou du transfert, etc.

 

5. Soit un village situé au seul endroit qui permet d’admirer un paysage naturel exceptionnel

Ses habitants s’avisent qu’ils pourraient tirer de substantiels revenus de ce don que la nature leur a fait. Au terme d’une homérique bagarre juridique avec les autorités de tutelle de leur commune, ils obtiennent l’autorisation d’installer et de mettre en service des péages aux entrées de leur village. Après plusieurs années pendant lesquelles il fallut amortir d’une part les notes d’honoraires des avocats qui gagnèrent la bataille juridique, et d’autre part l’investissement nécessité par l’installation des postes de péage, leur entreprise commune devint bénéficiaire. Le paysage exceptionnel se révéla être une ressource naturelle qui, comme toute autre ressource naturelle, n’était pas en elle-même suffisante au départ pour en faire un objet de commerce.

 

6. Faut-il pour autant considérer que toute ressource naturelle est un bien public ?

En vérité, aucune ressource naturelle n’est en soi un objet économique, à l’instar de toute connaissance. Les déclarations et les négociations sur les objets économiques constitutifs des patrimoines privés et publics doivent tenir compte de cette vérité, faute de quoi elles sont entachées de deux contrevérités : non seulement aucun moyen élémentaire de production n’est en soi un objet économique, mais aussi, il n’y a de patrimoines économiques que constitués d’objets économiques, à savoir de choses qui ont une valeur d’échange marchand.

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